Petites histoires de faussaires

        En matière d'automobiles, les faussaires n'ont pas le choix. La production est connue, les exemplaires généralement tous répertoriés. Ils doivent donc recopier ce qui existe déjà.

        Peu de constructeurs automobiles ont fait l'objet d'autant de "manipulations" que Ferrari. Le phénomène a débuté à la fin des années 80 lorsque le prix des autos frappées d'un cavallino s'est envolé. Provoquant des affaires rocambolesques dont les victimes furent les collectionneurs, mais aussi des maisons de ventes aux enchères renommées !

        Monsieur X et Monsieur Y possédaient chacun quelques éléments disparates qu'ils savaient provenir de la même Ferrari. Que croyez-vous qu'ils firent ? Réunir les morceaux pour reconstituer l'oeuvre originale comme l'aurait fait n'importe quel musée ? Point du tout ! Chacun reconstruisit un clone dans son coin, refrabriqua les pièces qu'il ne possédait pas, puis clama à la face du monde qu'il avait restauré une Ferrari. Deux voitures neuves, comportant quelques rares morceaux d'époque, portaient désormais le même numéro de châssis ! Qui possédait la vraie ? Aucun des deux. Chacun avait fait un faux. Certains propriétaires avouent leur origine. D'autres la cachent. Tant que le plaisir reste solitaire, le péché est véniel... Mais lorsque la "belle" est mise en vente sous l'étiquette "authentique bête de course", l'indulgence n'est pas de mise...

        Il faut vraiment faire la distinction entre la restauration, parfois nécessaire et parfaitement respectueuse de l'authenticité - surtout lorsqu'elle est réalisée par Ferrari - et d'autres pratiques qui confinent à l'escroquerie lorsqu'elles ne poursuivent aucun but historique, mais n'ont que des motifs vénaux. Il existe ainsi plusieurs degrés sur l'échelle de la supercherie : la reconstitution, la renaissance et la création. C'est pourquoi Ferrari a mis en place un service d'authentification. Parce que Ferrari, tel un Matisse, Chagall ou Picasso, est une oeuvre d'art à l'état pur.

Il Cavaliere